Qu’on le veuille ou non, les couleurs ont une signification marquée selon les différentes cultures et époques. Elles nous permettent de recevoir les messages de manière différente. Souvent, selon le genre à qui s’adresse un produit ou un service, les couleurs seront différentes.
En graphisme, lors de la réalisation de son image de marque ou de son identité visuelle, devons-nous obligatoirement nous plier à la signification des couleurs et respecter strictement tous les codes marketing ?
Ce que nous allons voir aujourd’hui
- La signification des couleurs
- Couleurs et genres, un peu d’histoire
- Couleurs genrées et communication
- Comment choisir ses couleurs ?
La signification des couleurs
Une couleur a plusieurs significations, elle transmet plusieurs émotions, c’est important d’en prendre compte quand on veut qu’elle représente sa marque.
- Rouge : passion, amour, puissance, force
- Orange : amitié, courage, vitalité
- Jaune : joie, optimisme, intelligence
- Vert : éthique, générosité, équilibre, naturel
- Violet : extravagant, intuitif, spirituel
- Rose : féminité, douceur, sensualité
- Bleu : confiance, intégrité, sérénité
- Blanc : pureté, modernisme, minimalisme
- Noir : luxe, élégance, autorité
Ok Germaine, mais ce n’est pas un peu trop codé cela? On pourrait reprendre quelques couleurs cette liste avec ces significations :
- Rouge : violence, danger, érotisme
- Jaune : adultère, triche, maladie
- Vert : diable, folie, chance
- violet : féminisme, royauté, mort
- Blanc : deuil chez les hindous
- Noir : deuil, mort, tristesse
Tout dépend de son point de vue !
Imaginez maintenant tous les produits dits naturels avec une communication uniquement basée sur la couleur verte, tout ce qui est spirituel en violet, tout ce qui s’adresse aux femmes en rose. Quel ennui !
Couleurs et genres, un peu d’histoire
- Durant l’Antiquité, le bleu était réservé aux garçons.
- Au Moyen Âge (Christianisme), le bleu est la couleur de la Vierge Marie, c’est donc la couleur associée aux filles et aux femmes. D’ailleurs, petite info en plus, les filles ET les garçons portaient des robes et jouaient aux mêmes jeux. Le rose est une couleur tirée du rouge, et est associé au genre masculin.
Danseurs – Fresque du Moyen Age
- Au XVIe siècle, avec les réformes protestantes, le rouge est dévalorisé, car c’est la couleur des papistes. Il va commencer à symboliser de plus en plus l’amour et glisse vers les garde-robes des femmes. Le bleu se retrouve chez les hommes, le rose est de plus en plus prisé par les femmes.
- C’est au XIXe siècle que le choix des couleurs bleu et rose pour les genres est définitivement posé, notamment grâce à la chimie et à la fabrication des couleurs pastel. On découvre le rose Pompadour.
- Au XXe, les rôles des hommes et des femmes dans la société et dans les foyers sont de plus en représentés de manière stéréotypée dans les médias (publicité, journaux…). Ces stéréotypes sont omniprésents dans l’univers marketing lié à l’enfance.
Joli combo de stéréotypes : fille = maternité + rose
- Depuis les années 80, le genre de ces deux couleurs reste bien marqué, même si le bleu apparait comme une couleur de plus un plus neutre et faisant plus l’unanimité, le rose reste un outil de discrimination :
- Cela reste toujours difficile aux yeux des autres à habiller un garçon avec du rose.
- Les produits pour les femmes sont souvent en rose et plus chers, la fameuse “Taxe rose“.
Couleurs genrées et communication
Nous baignons dans le marketing et ses codes arbitraires, et ce, dès la petite enfance. Nos biais cognitifs (on en toutes et tous!) nous permettent de faire un jugement, de prendre rapidement une décision, de catégoriser. Le problème, c’est quand ces biais deviennent des stéréotypes et spécifiquement des stéréotypes de genres.
Est-ce qu’une couleur peut être féminine ou masculine ? Je ne pense pas. Mais c’est un constat sans appel, dans notre société :
- la palette de couleurs dite féminine est douce, pastel, calme, claire…
- La palette de couleurs dite masculine est forte, contrastée, visible, foncée, puissante…
2 captures d’écran prises sans trucage avec 2 recherches différentes : palette féminine et palette masculine. Et bam !
Qu’est-ce qu’un univers féminin ? Est-ce qu’on se cantonne à représenter une bulle de douceur alors qu’on nous demande en même temps d’être des guerrières et des winneuses? De plus, nous l’avons vu, genrer une couleur est un non-sens, rien n’est figé dans l’Histoire.
Comment choisir ses couleurs?
- C’est important de connaitre la signification traditionnelle des couleurs mais ça ne doit pas être LE critère de choix pour autant. C’est possible de sortir du cadre et de nuancer.
- Avant de choisir sa palette de couleurs, il faut se pencher sur les émotions que l’on souhaite transmettre, les objectifs, la cible, le pourquoi de son activité… Bref, un travail de fond pour ne pas choisir au pif ou parce qu’on aime bien telle ou telle couleur.
- En même temps, il faut se sentir à l’aise avec les couleurs que l’on va utiliser. Tout est dans la nuance.
- On essaye de ne pas tomber dans le panneau des biais de genre. On y tombe un moment ou un autre, c’est certain. Le tout est de s’en apercevoir et d’ajuster.
- Même si vous vous adressez uniquement aux femmes, on peut prendre en compte toutes les diversités.
- Changer son vocabulaire. Perso, j’essaye de ne jamais utiliser les expressions comme “univers féminin ou masculin”. Quand ça m’arrive, mais ça me fait un peu mal ! Je préfère parler des spécificités des couleurs et ne pas les rattacher à un genre.
Laissez de côté vos préjugés et allez explorer d’autres voix, cassez le codes !
Dans un prochain article, je mettrai des exemples de communication dont les services ou produits s’adressent à des hommes, à des femmes ou aux deux !