Je veux tous les droits! Les droits d’auteur

Je veux tous les droits! Les droits d’auteur

Les droits d’auteur en illustration et en graphisme, qu’est-ce que c’est?

L’année passée, à la même période, je me suis longuement penchée sur l’étude des cessions de droits en graphisme et en illustration. C’est parfois un vrai imbroglio et je cherchais comment répondre aux client·e·s qui me demandaient leur exclusivité totale.

Quand on commande une illustration, un logo, une mise en page, on a tendance à demander que tout soit cédé ! Histoire d’avoir la paix et de faire ce que l’on veut avec les créations. Oui, mais voilà, ce n’est pas légal !

Mais je me rendais bien compte qu’il s’agissait comme d’un réflexe de protection. En effet, en creusant un peu, je me suis rendue compte que les personnes demandeuses ne savaient pas de quoi il s’agissait exactement. Comme je travaille beaucoup pour des associations ou des petites entreprises, je suis moins exposée à rencontrer des problèmes d’abus d’utilisation (à des fins commerciales). Mais il est important pour moi que tout cela soit clair.

Note

Dans cet article, je fais un retour de mes lectures et de mes rencontres (avec des juristes notamment) pour vulgariser tout cela. Je n’ai pas une connaissance approfondie des droits d’auteur et je propose ici juste une approche, car la matière est extrêmement complexe. Cette recherche concerne mon activité belge, et n’est pas la référence absolue. Je n’aborde pas les montants. Pour plus de détails, je conseille de croiser les informations et de s’adresser à un·e juriste. Le sujet est complexe, chaque cas est particulier, et s’il y avait des réponses claires et limpides, il n’y aurait pas autant de questions sur ce sujet dans les groupes et forums de graphistes en ligne !

Les droits d’auteur reprennent le droit intellectuel ou moral et le droit patrimonial exploitable.

 

Les droits d’auteur : le droit intellectuel ou moral

Ce droit ne peut pas être transmis à quelqu’un d’autre, que cela concerne une création personnelle ou une commande. Donc “une cession de tous les droits sans restriction” n’est pas une formule correcte.

Ainsi, la propriété intellectuelle ou morale est incessible. En gros, c’est moi la maman de mon bébé. Personne ne peut se dire être sa maman à ma place, lui changer de coiffure sans m’en avertir, lui faire dire des trucs que moi, je ne veux pas qu’il dise.

Par exemple :

Je cède l’exploitation d’une illustration pour la promotion des abeilles, et je retrouve mon abeille teintée en rose toute heureuse de conduire un SUV (par exemple hein).

 

Les Droits d’auteur : le droit patrimonial

C’est tout ce qui regroupe l’utilisation et la diffusion de la création. Ce droit peut être cédé.

Mentionner les droits patrimoniaux est tout aussi important pour la personne qui crée que pour la personne qui commande la création.

  • Le travail est protégé et ne pourra pas se retrouver dans une utilisation autre que stipulée.
  • Le travail ne sera pas utilisé par le la créatif·ve pour une autre personne (sauf si cela est mentionné).

En fait, cette mention est obligatoire, et beaucoup ne le savent pas. Si ces droits ne sont pas stipulés noir sur blanc, par défaut, le la client·e ne peut pas utiliser la création !! Donc le·la graphiste qui mentionne les droits n’est pas une personne pinailleuse, il·elle fait juste ce qu’il faut pour être dans la légalité.

Par exemple, pour mes peintures, je ne mets pas ces mentions, mais la personne qui m’achète une peinture est sensée avoir lu les conditions générales de vente. Je vends la peinture, mais sa reproduction, diffusion sont interdites. D’ailleurs, comme je ne stipule rien sur la facture, c’est que c’est interdit.

Par contre, pour ce qui est des mises en page et des illustrations, je spécifie ces droits.

Cette mention doit indiquer :

  • L’objet de la cession des droits : X illustrations…
  • Autorisation donnée pour droits de reproduction et de diffusion pour la promotion des activités de XXX asbl…
  • Les supports de diffusion : papier, nombre d’exemplaires, web…
  • La Durée : 1 an, 5 ans, 10 ans, pour la durée légale du droit d’exploitation
  • La représentation géographique : région, pays, mondial…

Comme je travaille souvent avec des asbl (association sans but lucratif), je sais que mes visuels ne vont pas être utilisés dans un but commercial. Je mets souvent des mentions très larges.

Note

Concernant la durée, on ne peut céder les droits de façon illimitée. He oui ! La plus longue période que l’on puisse mentionner, c’est « pour la durée légale du droit d’exploitation », c’est-à-dire 70 ans après la mort de la créatrice ou du créateur !

 

En conclusion

  • Pas de droits de reproduction et de diffusion mentionnés ? C’est que la diffusion et la reproduction sont interdites.
  • Si tu veux utiliser une création pour la reproduire et la diffuser, tu dois en avoir l’autorisation. À défaut, tu peux être attaqué·e en justice.
  • Quand tu achètes une création, la personne qui l’a créé reste le·la propriétaire.
  • Tu payes un montant concernant la prestation, et un autre montant concernant son utilisation et sa diffusion. Le prix qui est indiqué est unique (les droits sont compris dedans), ou le prix indiqué est détaillé en 2 parties (prestation et droits)

 

Toutes ces recherches découlent sur un nombre incalculable de questions :

  • À combien s’élèvent les droits d’auteurs ?
  • Est-ce que je peux tout passer en droit d’auteur ? Et pour une peinture artistique ?
  • Est-ce que je peux appliquer des droits sur tel ou tel travail ?
  • Qu’est-ce que je mets en droit d’auteur sachant que pour ce que je mets en droits d’auteur, je ne peux pas récupérer les frais puisque je ne paye pas de cotisations sociales là-dessus… ?

Et tu sais quoi ? ça n’y répondrai pas car, c’est vraiment au cas par cas (et que je ne suis pas juriste) J

Pour plus d’informations, autant si tu es créateur·trice que client·e, je te conseille de lire cet article du guide de survie du créatif.

Petit +  : j’ai aussi écrit un article sur les informations utiles à regrouper pour demander un devis à un·e illustrateur·trice.

 

 

 

Image : https://burst.shopify.com

Travailler avec un·e illustrateur·trice, la demande de devis

Travailler avec un·e illustrateur·trice, la demande de devis

Vous cherchez une personne pour  réaliser des illustrations pour un projet. Vous aimeriez travailler avec un·e illustrateur·riceet demander un devis. Mais vous ne savez pas comment vous y prendre à part demander des informations un peu vagues de ce style:

 

  • Combien demandes-tu pour un logo?
  • Sais-tu me dessiner quelque chose de simple représentant ma marque?
  • Pourriez-vous m’indiquer le prix pour plus ou moins 10 illustrations d’animaux?

Pour avoir un prix au plus juste, je vais vous donner quelques astuces qui vous aideront à faire une  demande de prix la plus complète possible.

 

Une chose à savoir avant: il n’y a pas de liste de prix gravée dans le marbre. À chaque fois (quasiment), c’est du “sur mesure”, et cela prend du temps.

 

Cet article sera sûrement mis à jour au fur et à mesure de mon expérience et des diverses questions.

 

 

 

Un exemple de mise en valeur du texte 😉 (Cultures&Santé asbl)

Un beau cahier des charges

Pour formuler une demande de prix à  un·e illustrateur·rice, je recommande d’établir un cahier des charges le plus complet possible. Il ne faut pas forcément transmettre exactement et en détail tout le travail à faire, mais plutôt donner des directions générales.

 

Ce cahier des charges comprendra idéalement:

 

  • Une description de la structure pour laquelle le travail doit être effectué (association pour les malentendants, magasin de produits en vrac, thérapeute pour ouistiti…)
  • Une description du public auquel la publication sera destinée + une description de l’ambiance générale voulue. Par exemple: enfant, dessin technique, paysage, caricature…
  • La date de la livraison des fichiers : le prix n’est pas le même si le travail doit être fait pour hier. Savoir la date permet de s’organiser et de voir tout de suite si c’est réalisable au niveau temps.
  • Un extrait représentatif du texte à illustrer.
  • Des exemples de visuels qui vous plaisent, des visuels qui ne vous conviennent pas. Pour cela, utiliser des tableaux privés Pinterest est une bonne option.
  • Si c’est possible, une estimation du budget. Avec cette estimation, l’illustrateur·trice va pouvoir définir les finitions du travail, le temps qu’il·elle pourra passer dessus.
  • Si vous avez déjà des publications et que le style doit correspondre, c’est bien de les mettre en copie.

 

Adaptation d’une illustration pour faire une image de couverture Facebook

Et les droits d’auteur?

Concernant les droits d’auteur: certains les comptent d’autres pas. Il y a beaucoup de flou dessus. Le premier qui sortira un manuel clair, lisible et compréhensible là dessus aura ma bénédiction éternelle, et attention, je veux des infos sur les droits d’auteur en France et en Belgique!

 

Voici ce que j’ai compris. Les illustrateurs sont censés l’appliquer. Il faut comprendre que vous n’achetez pas une création, vous la louer: vous payez la réalisation et après vous payez son utilisation. Les cessations de droit permettent de spécifier l’utilisation des illustrations (durée, support, étendue géographique) et varient en fonction de cette utilisation. Ils protègent les deux parties. Même si les droits d’auteur ne sont pas comptés (c’est à dire qu’ils sont cédés gracieusement), il est important de mentionner l’utilisation des illustrations.

 

Plus d’infos sur les droits d’auteur

 

Les premiers croquis exécutés suite aux descriptions détaillées du client.

Les informations à donner pour les illustrations

  • Définir le style (avec des exemples si possible) : deux couleurs, aplats, des dégradés, ligne claire, réalistes, humoristiques, pour enfants…
  • Décrire plus ou moins les illustrations. Exemple : un groupe de 3 personnes qui discutent, avec un arrière-plan, un objet sans fond, un personnage en entier, juste la tête et les épaules, un dessin technique…
  • Comment seront-elles utilisées? Une illustration pour le web n’est pas travaillée de la même façon qu’une illustration pour une montgolfière, ni même pour un petit flyer (si c’est un logo, il faut qu’il soit livré en vectoriel. C’est à dire qu’il pourra être utilisé sur toutes les tailles de support).

 

Plusieurs aller/retour sont nécessaires afin de trouver un bon croquis. Après validation, ce sera au tour de la mise au propre, avec la possibilité de faire encore des modifications, mais cela doit être indiqué clairement sur le devis.

Et en retour?

Plus il y a de détails plus c’est “facile” (vas-y que je te mette des guillemets, car perso, je n’ai jamais trouvé cela facile!) de faire un prix et de comprendre le travail demandé. La communication sera beaucoup plus fluide et le partenariat se passera très bien! ?

 

De retour, le devis envoyé par l’illustrateur·rice devra comporter des informations importantes comme le nombre de propositions qui seront faites, le nombre de modifications acceptées, la date de livraison et le format des fichiers (pour info, le la créatif·ve ne livrera pas ou peu souvent ses fichiers de travail)…

Un article très utile quand on souhaite travailler avec un·e illustrateur·trice:

 

Vendre légalement ses peintures en Belgique

Vendre légalement ses peintures en Belgique

Re-edit du 04/02/2020: depuis l’écriture de cet article, je me suis mise à mon compte en tant qu’indépendante. Je fais du graphisme, de l’illustration et de la peinture artistique. J’ai donc un statut bien défini et… d’autres questions se sont rajoutées!! Au niveau de la facturation c’est un mic mac financier : prestations ou droits d’auteur? Comment facturer pour un client français, pour un client belge? Comment travailler avec un contrat d’édition? Je suis encodée comme entreprise en Belgique mais comme autrice en France, commet je fais? Comment déclarer? Quelle tva?… Autant de questions qui amènent plusieurs réponses différentes à chaque fois! Bref, affaire à suivre…

Edit : Cet article date de 2015 et je ne l’ai pas mis à jour – Il est probable que des changements ont eu lieu depuis. Merci d’en tenir compte!

Le sport national en Belgique, serait le travail au noir. Je ne le dis pas méchamment, j’adore la Belgique. C’est juste une phrase que j’entends régulièrement depuis plus de 15 ans, et c’est juste un constat. Mais il arrive que certains hurluberlus, comme moi, veuillent vendre légalement leur travail. Je me suis donc renseignée (sérieusement). Voici un petit retour de mes expériences et recherches.

Le statut d’artiste

Alors de un, que les choses soient claires, le statut d’artiste n’existe pas en Belgique. Il y a 3 statuts pour le travailleur:

  1. le statut de salarié
  2. le statut d’indépendant
  3. et le statut de fonctionnaire (en tant qu’artiste, tu oublies)

Le statut d’artiste? c’est quelque chose (qui n’existe pas) mais qui se situe entre le statut de salarié et d’indépendant (à partir de là, on s’aperçoit qu’on est en Belgique :-)). Ce statut (qui n’existe pas) permet entre autres aux artistes de toucher le chômage entre 2 prestations grâce à un savant calcul qui sort de la cuisse de Jupiter!

Le statut de salarié

L’artiste peut prester en tant que salarié avec un CDI, un CDD ou un travail d’intérimaire auprès des BSA (Bureaux Sociaux pour Artistes, comme par exemple Merveille ou SMart). Attention, il me semble que n’importe quelle agence d’intérim peut faire un contrat, les BSA cités connaissent mieux le milieu.

Pour passer par un BSA, il faut “théoriquement” que ce soit un travail à la tâche, au cachet. Il faut donc une commande, une prestation, un échange de rémunération (dans le bon ordre svp). Ces contrats permettent d’ouvrir les droits au chômage.

Dans le cas de la peinture, sculpture ou tout autre création artistique, faire un contrat via un BSA est possible pour une commande. Par exemple Bidule me commande une peinture pour laquelle je vais travailler 5 jours (nommer les jours) et cela lui coutera XX€. Le contrat doit être fait anticipativement. Ça ne fonctionne donc pas “théoriquement” pour une peinture déjà faite. Mais il est possible d’antidater. Ha ça y est!!!! on commence à bidouiller 🙂 mais c’est la seule solution.

En avril 2014, il y a eu une méga réforme du statut d’artiste (qui n’existe pas) qui demandait aux artistes de disposer d’un visa professionnel d’artiste. Il existe une commission artiste au gouvernement, mais à priori, c’est pour faire joli. Rien n’a été décidé, voté, tout est dans le flou. Les textes sont là, mais le visa artiste n’existe toujours pas. Hahahaaa!

Le statut d’indépendant complet

Les obligations

  • verser un centaine d’euro/trimestre de cotisation sociale  (même si on ne facture rien)
  • être assujetti à la TVA (qui parfois est limitée à 6% au lieu de 21%)
  • avoir un numéro d’entreprise
  • tenir une comptabilité

Commencer directement comme indépendant complet, c’est chaud, voir très chaud.

Le statut d’indépendant complémentaire

Les obligations

  • les mêmes que pour être indépendant complet sauf que les cotisations sont de 70€ minimum/trimestre
  • avoir un contrat d’employé à mi-temps minimum

Les activités artistiques réalisées en tant qu’indépendant complémentaire ne rentrent pas dans le calcul du statut d’artiste (qui n’existe toujours pas hein).

Fonder une asbl

Je ne m’étendrai pas là dessus car je ne connais pas assez le sujet. Il est possible de fonder une association sans but lucratif afin d’avoir la possibilité d’avoir des subsides, voir, créer son propre emploi.

Le RPI (Revenu Petites Indemnités)

Ouais mais moi, je ne vends pas souvent me diras-tu… comment je fais pour éviter toutes les démarches? C’est simple, tu fais un RPI. Il y a eu du grabuge autours de ce RPI car les BSA (tu suis toujours?) effectuaient les contrats de RPI et par la même occasion se prenait une commission. Alors qu’une simple déclaration sur l’honneur sur un bout de nappe suffit…
C’est un régime pour les artistes amateurs (à l’origine), il est plafonné à +/- 122€ par jour, 2440€ par an et un maximum de 7 jours consécutifs et maximum 30 jours. Et là… tu l’as compris, ça ne concerne toujours pas une vente d’une œuvre artistique déjà réalisée. Donc tu l’as dans l’os si tu veux faire tout bien comme il faut. Et attention, le RPI (dans la loi) n’est disponible que pour les artistes en possession d’un carte artiste… qui n’existe pas encore. C’est pas moi qui le dit, c’est le bureau du fédéral

Le RPI n’ouvre pas le droit au statut d’artiste (mais bon, on n’est plus à ça près).

Mais qu’est-ce qu’il reste alors?

Le statut d’indépendant complémentaire semble être le meilleur statut. A condition de bien préparer son projet et d’en avoir vraiment envie. Car même si les cotisations sont peu élevées, il y a d’autres frais autours. Il faut aussi pouvoir vendre régulièrement. Donc quand on commence, il semblerait que la seul solution soit le travail au noir. Pfff tout ça pour en arriver là? Mais noooon! Voici ce que j’ai (enfin) décidé de faire. Je passe par un bureau social pour artiste, plus précisément Smart. J’utilise la formule “contrat” pour le travail de graphisme mais il existe la formule “Activité” pour le travail artistique. Elle permet notamment de faire des notes de frais. Alors bien sûr, tout cela à un coût. Par exemple, sur un travail facturé 435€, j’en touche 175… Car toutes les charges sont déduites. Mais finalement, être indépendante complémentaire me couterait plus cher (vu que j’ai peu de contrats – histoire d’avoir une vie privée aussi!!) et pas seulement en argent, mais aussi en temps. L’avantage est que j’ai juste à encoder les infos pour le contrat, Smart s’occupe de tout.

à ce propos

Tu sais donc maintenant que mes peintures sont à vendre! Sur demande, je peux t’envoyer le catalogue avec les peintures disponibles et leur prix.

J’espère que ce billet te sera utile et t’aura informé des différentes possibilités de vendre ses peintures. N’hésite pas à partager tes expériences dans les commentaires!

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