Voici la suite de l’article “Pour une communication non genrée “. J’y parlais surtout de l’importance des images non genrées dans la communication. Aujourd’hui, j’aborde l’écriture inclusive. Je ne suis pas une spécialiste, juste une utilisatrice qui cherche le pourquoi du comment (et le comment du pourquoi). Je n’étais pas exclusivement convaincue par l’écriture inclusive au début.

L’écriture inclusive est rapidement ramenée à l’utilisation du point milieu ou médian (on ne sait pas bien d’ailleurs) et aux nœuds au cerveau. Mais ce n’est pas du tout le cas !

Qu’est-ce qu’est l’écriture inclusive ?

L’écriture inclusive désigne l’ensemble des attentions graphiques et syntaxiques qui permettent d’assurer une égalité de représentation des deux sexes. *

* source

Note : Je changerai sexe par le terme genre. Quand on parle des attentions graphiques, il s’agit de la ponctuation.

Ne pas oublier

C’est une écriture en phase de test, de recherche. Comme toutes les nouveautés, elle a ses détracteurs et détractrices, elle a aussi ses ratés, ses erreurs. L’intégrer dans sa pratique, dans ses habitudes est difficile, parfois. Elle a du mal à être acceptée car elle n’est pas toujours comprise.

Certaines personnes n’hésitent pas à parler d’agression de la syntaxe, de ridicule, d’incompréhensible, de novlangue, de purge, et même de péril mortel !

Alors, on va se calmer et prendre un peu de recul.

contre l'écriture inclusive

Pourquoi certaines personnes sont contre ?

Les principaux détracteurs de l’écriture inclusive sont les membres de l’Académie française.

C’est laid

“Dans écrivaine, par exemple, on entend vaine.”

Et vaine n’est pas très optimiste. Une chose vaine, c’est quelque chose d’inutile, qui ne sert à rien. OK. Mais… wait, personne n’entend vain dans écrivain ? Serait-ce une question d’habitude ?

C’est illisible et compliqué

Ils et elles sont touspointmilieutes uniepointmilieues

On reste trop souvent sur le point milieu comme unique caractéristique de l’écriture inclusive, voici un scoop : il ne se prononce pas. C’est effectivement illisible si on le lit. Tout comme les majuscules, T majuscule, les virgules, virgule, les points, point.

Edit du 21-03-22

Suite aux différents commentaires concernant les 3 lignes que j’avais écrites sur les personnes qui parlent des personnes présentant des troubles dys, et ma vaine tentative d’éclaircissement de ma réflexion, je me dois de rajouter des explications, de reformuler mes phrases en espérant qu’elles ne me fassent pas dire ce que je ne pense pas!

Si vous n’éprouvez pas de difficultés particulières à lire un texte classique, votre cerveau va s’habituer, et bientôt, quand vous lirez à voix basse, vous yeux glisseront naturellement sur cette nouvelle forme d’écriture, et votre lecture sera fluide à voix haute.

Concernant la dyslexie

N’étant pas experte en la matière, et étant plutôt en lien avec des personnes dont les difficultés de lecture sont liées à la langue, je ne me permettrai pas d’affirmer ce qui est bon ou pas, à part de dire (voir à la fin de l’article) que le point médian semblant être la principale source de difficulté en lecture dans l’écriture inclusive, le mieux est de l’éviter au maximum. L’écriture inclusive est en cours de construction, il est bon de prendre l’avis de tous et de toutes.

Ajout du 27/01/23
Écriture et typographie inclusive : obstacle pour les personnes dys ?

C’est une injure à la langue française

“Un péril mortel pour la langue française” (les académiciens et académiciennes)

Une langue évolue, change. Voici un texte en ancien français.

“Por les sains Dieu, que voi je la ?
Et Diex vos saut, sire compere !
Bien ait l’ame vostre bon pere,
Dant Rohart, qui si seut chanter !
Mainte foiz l’en oï vanter
Que n’en avoit son per en France.
Vos meïsmes, en vostre enfance,
Vos en soulïez moult pener.
Seüstes onques orguener ?
Chantez moi une rotruenge.” *

* Source

Heuuu… je n’ai pas tout compris!

Les Sages sont contre l’écriture inclusive, mais ne proposent aucune alternative pour intégrer le public féminin dans les écrits. La langue est le reflet de notre société, et il me semble qu’il y a du changement en ce moment de ce côté.

Il y a des combats plus importants

C’est inutile et ça ne va pas changer le monde.

Effectivement, il y a le réchauffement climatique, la misère, la faim, l’accès à la santé qui sont des combats essentiels. Je ne fais pas de hiérarchie entre les différents combats. Pour moi, tout est lié. C’est impossible et épuisant de militer pour tout, il faut faire des choix. Ce qui n’empêche pas de soutenir d’autres causes. Ne sous-estimons pas le pouvoir des mots.

écriture inclusive pour

Pourquoi utiliser l’écriture inclusive ?
Pourquoi c’est important ?

L’écriture inclusive est mise en place pour changer les mentalités, pour nous amener à plus d’égalité femmes/hommes. Qui souhaite le contraire ?

Je n’ai qu’un argument pour l’utilisation de l’écriture inclusive, mais c’est un bel argument non?

Traditionnellement, le masculin l’emporte sur le féminin. Enfin, traditionnellement depuis le milieu du XIX e siècle seulement.

On dit que le langage est une clé qui nous permet de comprendre le monde. Quel monde voulons-nous ? Un monde où le masculin est supérieur au féminin ou un monde juste pour tous et toutes ?

Pour qui écrivons-nous ? Pour les hommes seulement ?

Si vous êtes un homme, quelles seraient vos sensations, votre perception de lire un texte qui est destiné à l’ensemble de la population, mais qui serait uniquement rédigé au féminin ?

En exemple, un extrait d’article de journal remanié :

JO : la moitié des sportives françaises vivent sous le seuil de pauvreté

Elles gagnent des médailles, mais peu d’argent. Alors que les fédérations ne rémunèrent pas leurs sportives, certaines ont du mal à joindre les deux bouts.

Oubliée, l’image de la sportive millionnaire… Loin des podiums et des médailles, la réalité est bien moins belle. Un reportage de Complément d’enquête, diffusé jeudi soir, révèle que la moitié des 450 Françaises qui vont participer aux JO de Rio vivent avec moins de 500 euros par mois. Comme 8,6 millions de personnes, des centaines d’athlètes se retrouvent donc sous le seuil de pauvreté, fixé à 987 euros par mois et défini par l’Insee comme étant égal à 60 % du niveau de vie médian de la population française.

écriture inclusive : quelques principes

Alors comment faire pour s’adresser à toute la population ? Et aussi sans alourdir les textes ? Il n’y a pas de secrets, il faut s’adapter et bouger des repères imposés depuis longtemps.

Il existe plusieurs techniques pour changer sa manière d’écrire.

L’accord de la majorité

3 filles et 2 garçons : elles
2 filles et 3 garçons : ils 

L’accord de proximité ou de voisinage

Cette règle grammaticale était d’application jusqu’au XVIIe siècle.

Les filles et les garçons sont beaux
Les garçons et les filles sont belles

Les meubles et les chaises renversées.

L’ordre alphabétique

Tous et toutes, les filles et les garçons, elles et ils, celles et ceux…

Utiliser le féminin pour désigner un métier, une fonction, un grade

Le but est de banaliser cet usage, comme c’était le cas au Moyen-âge.

Vous ne trouvez pas l’équivalent ? Voici un document qui va vous aider. Plus d’excuses !

(à partir de la page 63)

Bannir Mademoiselle pour désigner une femme non-mariée ou une jeune femme

Madame, c’est très bien. Mademoiselle et Madame étaient utilisés pour différencier les femmes non mariées des femmes mariées. Continuez à utiliser Mademoiselle, mais alors utiliser aussi un terme pour les hommes qui ne sont pas mariés, Damoiseau par exemple fera l’affaire. Et on en reparle.

De nos jours Mademoiselle s’utilise plus en fonction de l’âge, pour les très jeunes filles. Alors vous pouvez enlever la case Mademoiselle sur les formulaires (c’est déjà le cas dans l’administration française.

Arrêter d’attribuer à une femme le nom de la fonction du mari

L’ambassadrice n’est plus la femme de l’ambassadeur, la bouchère n’est plus la femme du boucher. Mais y a-t-il encore des personnes qui utilisent cette formule pourtant courante il y a quelque temps ?

Utiliser les noms propres pour les hommes ET pour les femmes

Hein ? avec quoi tu viens ? Mettez cette consigne dans un coin dans votre tête. Gardez là lorsque vous lisez, écoutez des présentations d’hommes et de femmes. Vous remarquerez qu’il arrive que l’on présente l’homme avec son prénom et son nom, et la femme… juste avec son prénom, mais rarement le contraire. Utiliser les noms et prénoms de la même façon pour les hommes et pour les femmes.

Observez les titres de journaux tels que « une femme a traversé la Manche », « une femme élue à la tête du pays », « une femme invente… » ! Comparez quand il s’agit d’un homme… mais oui, il a a un nom lui !

Préférer les termes utilisés depuis longtemps

Auteure est nouveau mais Autrice existait au Moyen-âge. Gardons-le !

Les néologismes en –eure datent des années 70/80. Par contre, le féminin d’ingénieur est bien naturellement ingénieure.

Pour parler de l’ensemble de la population, utiliser « Humain » et non les Hommes

écriture inclusive : quelques techniques

 Voici quelques techniques pour fluidifier vos textes.

Utiliser le nom de la fonction

Exemple : le tutorat à la place du tuteur ou de la tutrice

Utiliser le nom de l’unité administrative

Exemple :  le service informatique au lieu de l’informaticien ou l’informaticienne, le personnel soignant au lieu des infirmières et des infirmiers, le corps enseignant au lieu des enseignant·es, les agents de police… bref, vous avez compris !

Utiliser des termes génériques

Chacun/chacune : chaque membre

Les termes épicènes

Il s’agit de mot dont la forme reste la même au féminin et au masculin.

Exemple : cadre, membre, bénévole, juriste

Simplifier vos textes

Remplacer la voix passive par la voix active

Les militant·es se sont retrouvé·es encerclé·es dans la rue par la police  devient la police a encerclé les militant·es dans la rue (2 points milieu en moins !)

écrire en doublet

Les étudiants et les étudiantes

Le point milieu, médian

Tout d’abord, dit-on point milieu ou point médian ?? Les deux, parfois. En fait, je  n’ai pas réussi à trouver la réponse. Si vous en avez une, je suis curieuse !

Il n’est à utiliser qu’en dernier recours et que dans le cas où les termes au féminin et au masculin sont semblables. Pourquoi ? Parce qu’il est source de crispation, d’offuscation et de scandales ! Comment ? He bien, en utilisant les techniques ci-dessus.

Concernant les pluriels, il y a deux façons de les écrire : les étudiant·es ou les étudiant·e·s. Je trouve la première solution plus légère.

Sous Windows : Alt + 0183
Sous Mac : Alt+mar+F

Je peux vous dire qu’en tant que graphiste, je jongle avec les raccourcis claviers que je n’ai jamais eu de foulure de doigts !

 

En conclusion

Tous les textes ne doivent pas être réécrits avec l’écriture inclusive. Laissons les classiques et les anciens textes tranquilles ! Mais songeons à utiliser cette écriture dans les articles, les manuels didactiques, pour les discours

Mixez le tout, les notions, les techniques afin d’éviter d’alourdir le texte ! Si vous n’êtes pas habitué·e à ce style d’écriture, écrivez à votre manière et repassez sur votre texte avec les lunettes de l’écriture inclusive. Ne vous enfermez pas dans un cadre trop rigide, accordez-vous de faire des erreurs comme n’importe quel·le débutant·e.

Et enfin, une dernière info, en Belgique, nous utilisons souvent l’écriture inclusive dans de nombreuses situations et tout roule normalement, enfin, comme d’habitude, je veux dire, c’est la Belgique quand même, c’est compliqué parfois, mais ça n’a rien à voir avec l’écriture inclusive !

Vous avez un projet? Le fond mais pas la forme?

Vous pouvez me contacter pour me présenter le projet. Cela ne vous engage à rien :-). Je suis graphiste et illustratrice, je travaille sur des projets de communication et également des outils pédagogiques. Je mets mes lunette d’inclusivité pour que votre projet s’adresse à toute la population !

 

 

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